Guérillero (Partisan)
Toño un jeune colombien a décidé de s’engager
dans la guérilla, dans les FARC (Forces Armées Révolutionnaires
Colombiennes)
Le jour du départ, Toño est parti de la
maison très tôt, sans dire au revoir à personne. Clarita,
sa petite sœur, est allée avec lui à l’arrêt de bus et là ils se sont dit au
revoir, en face d’un marchand de limonade Lux. A l’heure prévue le bus démarra
et ce que Toño n’a jamais su, c’est que Clarita a couru afin de le voir partir depuis l’autre côté
de l’avenue, versant des larmes au fur et à mesure qu’il s’éloignait. Clarita pleura comme une fiancée. Elle trouvait bien que Toño aille faire la révolution, puisque, vraiment, il y
avait beaucoup de pauvreté dans le pays et surtout une grande injustice. Tout
était mal réparti en Colombie et c’est pourquoi Clarita
était fière de son frère. Il allait donner sa vie, s’il le fallait, pour que
les pauvres ne soient pas mal traités. Mais cela lui faisait peur. En vérité,
elle aurait préféré que ce soit les autres qui fassent la révolution, car Toño était le jeune homme de la famille. Dans toutes les
maisons il faut un jeune homme, mais que pouvait-elle y faire. Toño était parti faire la révolution et maintenant il
fallait qu’elle s’en accommode.
Un matin, lorsque la
famille était déjà bien soucieuse, quelqu’un glissa une enveloppe sous la
porte. C’était une lettre de Toño. La mère l’a lue
à haute voix aux enfants et au mari. Toño disait qu’il était parti remplir son devoir de
patriote ; qu’il était un soldat du peuple et qu’ils devaient en être
fiers ; que la nouvelle Colombie, celle de tous, allait naître par le
sacrifice de jeunes comme lui.
Mais le papa, qui
était très conservateur, s’est mis en colère. Il alla à la cuisine et sortit le
fusil.
La guérilla, je
n’en ai rien à foutre ! cria-t-il._ je vais chercher mon fils.
La maman l’attrapa
par le bras.
_ Antonio, calme-toi,
si l’on te voit avec ça dans la rue, on va te mettre en prison_ lui dit-elle._
En plus tu n’as même pas de cartouches.
Santiago Gamboa, Vida feliz de un joven llamado Esteban, 2000